Les enseignants sont de plus en plus nombreux à prendre la décision de transformer leur classe pour la rendre plus «flexible» ou «multi-positionnelle». Les élèves ont changé dans les dernières années, donc les classes tendent à s’adapter à ces changements pour favoriser l’attention et les apprentissages de ces «nouveaux élèves».
Qu’est-ce qui a changé chez les élèves?
Ceux et celles qui enseignent depuis plus de 10 ans ont assurément remarqué que les élèves sont plus «mous» (il leur est plus difficile de rester assis sans bouger ou sans adopter une posture affaissée), moins attentifs, tolèrent moins les délais et ont besoin d’apprendre d’une façon de plus en plus stimulante.
Pourquoi?
- Des études ont démontré une baisse générale du développement sensori-moteur et de la force des élèves. Pourquoi sont-ils moins forts? Non, ce n’est pas que l’utilisation des tablettes et jeux vidéos qui en est la cause! Le contrôle postural (souvent appelé tonus) se développe dès le très jeune âge alors que le bébé, placé sur le ventre au sol, apprend à relever la tête, puis à rouler du ventre au dos. Par la suite, l’enfant qui se déplace en rampant et à 4 pattes renforcera les muscles de ses épaules et de son tronc.
- Nos enfants ont de plus en plus accès à des surfaces de jeux ne permettant pas cet important travail de développement du contrôle postural au sol. Les soucoupes et autres stations stimulantes, mais très statiques, ne favorisent pas le développement d’un bon contrôle postural qui permettra au bébé, devenu élève, de maintenir une posture assise durant une longue période de temps.
- Enfin, nos enfants se font offrir une panoplie de jouets stimulants au niveau auditif et visuel. Nous n’avons qu’à penser aux jouets qui demandent d’appuyer sur un bouton pour produire sons et lumières ainsi qu’aux tablettes qui offrent de grandes stimulations seulement en tapotant l’écran avec notre doigt. L’enfant a ainsi moins d’intérêt à se déplacer en rampant pour trouver un objet laissé au sol pour jouer. Il n’apprend plus à tolérer les délais. Tout doit arriver rapidement et facilement!!
La classe flexible vient donc répondre aux besoins de bouger et d’être stimulé des élèves d’aujourd’hui. Il importe toutefois de bien créer sa classe flexible en fonction de des éléments relatifs à l’ergonomie, la posture et la régulation sensorielle (j’en parlerai dans un prochain article) et non pas d’un point vue seulement esthétique ou motivationnel. Je parle souvent de ne pas viser la classe «Pinterest», mais bien la classe ergonomique et adaptée, et ce, même si les couleurs ne se marient pas à la perfection. 😉
Ce qui est essentiel dans une classe flexible: offrir des espaces de travail adaptés à leur grandeur !!!
Une classe est composée d’élèves de grandeurs différentes, qui ont des besoins différents. C’est pourquoi il faut s’assurer d’avoir des surfaces de travail et des assises de hauteurs différentes.
Le positionnement optimal devrait être celui-ci:
- Les talons en appui au sol (et non pas seulement les orteils)
- Les genoux à environ 90 degrés
- Le dos appuyé **
- La surface de travail environ au niveau du pli du coude.
**Si l’assise choisie ne comporte pas de dossier, ce n’est pas si grave. Toutefois, l’enfant ne devrait pas y passer la journée.
Pour arriver à offrir un bon positionnement à chaque élève, les îlots flexibles devraient idéalement être composés d’assises et de tables/pupitres de différentes hauteurs. Bien sûr, cela sera moins esthétique, mais les élèves y seront plus confortables et donc plus attentifs.
C’est pourquoi l’utilisation de tables comporte certaines limites. En effet, si les tables achetées sont toutes de même hauteur sans être munies de pattes ajustables, certains élèves risquent de se retrouver avec une surface de travail trop haute. Cela aura un impact important sur la calligraphie, la coordination oeil-main et l’attention.
Table trop haute Hauteur adéquate
Terminons avec une question: le contrôle postural est-il plus facile à maintenir assis ou debout?
Il est plus facile de maintenir la position debout que celle assise (faites le test!!!), surtout pour les élèves présentant des faiblesses au niveau de leur contrôle postural. C’est pourquoi, vous observez régulièrement des élèves travailler debout. Ils tentent ainsi de diminuer les exigences posturales pour maximiser leur attention et leurs capacités cognitives. Souvent, ces élèves travaillent aussi à des postes de travail non adaptés à leur grandeur!!.
Je recommande donc fortement l’intégration d’espaces de travail debout dans les classes. Et il est très facile d’y parvenir:
- Au premier cycle, on peut élever les pupitres (munies de pattes ajustables) au plus haut niveau possible ce qui offre une hauteur de travail très intéressante
- On peut utiliser les bords de fenêtres ou les bibliothèques déjà présentes dans la classe
- Il existe des rehausseurs de pattes, disponibles dans plusieurs magasins à grande surface. Ceux-ci sont très peu dispendieux et permettent d’élever une table à une hauteur adéquate pour les élèves. Et pour le plus petit élève de la classe, on lui offre un petit banc pour qu’il puisse y monter et être à la bonne hauteur.
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Carolyne Mainville, M.Sc., ergothérapeute
Source:
Diller, Debbie. 2015. Aménager sa classe pour favoriser l’apprentissage. Montréal: Chenelière Éducation.